J'ai été élevée par ma mère avec ma grande sœur âgée de seulement quelques lunes de plus que moi. Nous provenons de la même couvée mais j'avais un retard de croissance, à côté d'elle, j'avais vraiment l'air d'une crevette.

Il faut savoir que dans notre petit clan, la notion de magie a toujours été omniprésente autant que la propension à ne faire naître presque exclusivement des femelles. Dès son plus jeune age, toutes les petites filles sont formées aux arts de l'esprit afin de voir vers quel destiné se tournera l'enfant en devenir afin de le guider au mieux. Notre petit clan de chitine n'est ni riche, ni fort, ni puissant d'une quelconque manière, les étoiles ont donc choisis pour nous la magie.

Ma sœur et moi étions presque diamétralement opposées dans notre choix. Elle souhaitait user de ses charmes et de son intelligence, rejoindre la ville, divertir les mâles et monter dans la hiérarchie afin de peut-être même influencer les têtes pensantes de notre monde. C'était un dessein ambitieux et elle fut très respectée et bien encouragée pour ça.
Pour ma part, je voulais rester nomade et parcourir le désert, découvrir tout ce qu'il y avait de possible à découvrir. Contrairement à elle, je ne voulais pas me montrer ni même me mettre un tant soit peu en avant, je voulais être spectatrice de mon monde et non son actrice. Malgré nos différentes aspirations et nos caractères opposés, nous nous adorons plus que tout.

Quand ma sœur fut partie pour la grande ville du nord, la Capitale République Blanche, je fus moi-même envoyée suivre mon enseignement auprès de Mystiques du désert. Je fus accueillis par des Shamans chez qui je commençais mon initiation, mais très rapidement, ce fut une Sorcière Antilope du nom de Warah qui me souhaita près d'elle. Elle disait qu'elle avait eu vent des talents spéciaux de notre clan et qu'elle serait honorée de m'avoir comme apprentie.
Redevable d'avoir obtenu une telle place dans cette caste, j'acceptais et pris mon enseignement avec le plus grand sérieux et j’appliquais tous les savoirs acquis avec joie.

Warah semblait ravie du soin que j'apportais à tout ce qu'elle me demandait de faire. Je ne maîtrisais encore rien de la magie mais je pratiquais les méditations avec assiduité. Rapidement, plus qu'une disciple, je devins l'amie de ma maîtresse, elle appréciait ma sincérité et surtout mon humilité, qualité rare chez une Mystique. Les voyages que nous entreprenions au travers du désert étaient longs et parfois périlleux mais jamais je ne me suis plainte.

Le plus clair de mon enfance ne se passèrent pas dans le désert cependant : nous allions et retournions dans l'Amazonie Mauve, dans le temple de Zalem où je faisais connaissance avec mes "sœurs Mystiques". De là, j'avais accès à de nouveaux savoirs, de nouvelles connaissances et je rencontrais aussi d'autres disciples comme moi avec qui je liais de réels liens d'amitié. J'aimais beaucoup la forêt tropicale dense et humide, j'avais acquis très tôt la faculté de ne jamais m'y perdre, de faire connaissance avec la faune locale et surtout de souder avec mes sœurs une solide coalition.

Warah m'autorisait à revenir voir ma famille de temps en temps et à leur rapporter les nouvelles du monde, parfois, nous nous dirigions même vers les villes et je revoyais ma sœur et pouvait constater son évolution à elle ; mais la plupart du temps, la discipline du mana requerrait un mental d'acier qui nécessitait un mode de vie presque de reclus quand je n'étais pas tout simplement avec mes autres sœurs à apprendre avec elles.

A l'instar de mon clan, ma maîtresse ne souhaitait rien m'imposer et m'encourageait à suivre ma propre voie dans la magie. Les différents dons que je développais lui étaient parfois inconnus mais cela ne semblait pas la gêner outre mesure. Nos allées et venues nous avaient apportés une certaine réputation dans le désert et même au délà et il fut rapidement temps pour Warah de partir en quête d'une nouvelle disciple à former. Je venais d'avoir alors trente années. Comme cadeau d'adieu, je reçu un jeune dromadaire, symbole de voyage et d'humilité.


La plupart du temps, je servais de guide aux voyageurs. Certains payaient à prix d'or une traversée du désert sans encombre et semblaient apprécier ma discrétion, mon efficacité et mon savoir sur le monde. Je découvris bien assez tôt que ma présence plaisait aux gens et que j'avais un effet assez étrange sur eux qui allait bien au delà d'une simple fascination. Ils aimaient mes histoires, ils goûtaient au voyage comme s'ils découvraient le monde pour la première fois et bien souvent, ils revenaient avec plaisir. Mes services ne furent plus seulement de l'ordre de l'utile mais aussi et surtout thérapeutique, en effet, si j'étais connue pour avoir la capacité de transporter n'importe qui n'importe où, j'avais aussi acquis la réputation de pouvoir servir de guide spirituel ou même de soigner de la folie. 

A présent, voilà ce que j'offre aux étrangers, un voyage tant spirituel que spatial.

Bienvenue.