Votre physiqueQuand il t'est donné de te regarder dans un miroir, tu aperçois tout d'abord le perçant de tes yeux argentés au travers des mèches blanches qui balaient ta face. Des yeux que tu considères un peu petit en comparaison avec la taille de ta tête, mais en fin de compte, tu t'en fiches. Le principal, c'est qu'ils soient infaillibles. Ton métier ne t'autorise de faiblesse sur aucun de tes sens, et la vue reste une faculté cruciale.
Ensuite, ton attention se porte sur cette cicatrice qui barre la naissance de ton museau, juste sous tes yeux. Le souvenir d'un sabre qui, malgré tes réflexes, aurait pu te plonger dans le noir absolu si la chance ne s'était pas invitée sur le fil de ton destin. Puis au bout de ce long museau, une truffe noire, et de tes babines dépassent les deux canines de ta mâchoire supérieure.
Tu es un loup, et tu qualifies ton aspect physique de fonctionnel, à commencer par ta fourrure qui se décline dans des tons discrets, allant du gris fer au beige clair. Malgré ton poil assez dense, ta musculature nerveuse apparaît très nettement sous ta peau. Tes bras sont forts et tes jambes, dont la morphologie s'apparente plus à des pattes postérieures qu'à des membres humains, sont puissantes. Ton dos et tes épaules larges témoignent de ta vigueur, et sur ton torse se sont dessinés au fil des ans les sillons de tes pectoraux et de tes abdominaux. Comme tout Furry de souche lupine, tu portes un appendice caudal particulièrement fourni, mais si certains en font leur orgueil, toi, tu n'y vois qu'un outil pour assurer ton équilibre quand il semble compromis.
Si tu recules un peu pour jeter un regard plus global, tu te rends compte que tu fais partie des créatures les plus grandes puisque tu dépasses le mètre quatre-vingt-huit pour un poids d'un peu plus de quatre-vingt kilogrammes. C'est l'une des raisons, en plus de ta carrure à la fois imposante et agile, qui t'a poussé à devenir garde du corps. Ce métier ne fait qu'ajouter un charme de plus aux yeux des nombreuses demoiselles que tu as été amené à protéger au cours de ta carrière, souvent à la demande d'un paternel anxieux.
Pourtant, ces qualificatifs ne t'atteignent pas, ni même les soupirs rêveurs des jeunes filles énamourées. Seul compte ton devoir.
Votre mentalDroit et intègre sont les termes qui résument le mieux l'image que tu renvoies aux autres. D'instinct, tu fais la part des choses entre le privé et le professionnel. Tu ne mêles jamais l'un à l'autre, et c'est ce qui a forgé ta réputation devenue solide à travers la ville toute entière. Tu es calme, tu as le sens de l'observation et tu sais aussi bien travailler en équipe que seul. Ta profession attend de toi que tu sois discret, réactif et efficace. Ces facultés, tu les possèdes depuis ta plus tendre enfance. D'ailleurs, aussi loin que tu te souviennes, ce besoin de protéger a toujours fait partie de toi.
Tu privilégies une grande hygiène de vie. Tu as la volonté de t'entretenir, tant physiquement que mentalement. Ton métier représente tout pour toi, pour autant, cela ne t'empêche pas de quitter cette enveloppe du gardien silencieux quand vient ton jour de congé. Sans être un fêtard qui ne connaît plus de limites, tu sais t'accorder du bon temps avec des amis, autour d'un verre.
Tu ne bois pas souvent d'alcool, plus par habitude que par choix, et tu ne fumes qu'occasionnellement. Pourquoi ? Sans doute parce que ton client peut réclamer ta présence à tout moment.L'imprévu fait partie de ton quotidien, et tu te dois de rester frais et disposé en toute circonstance. Tes clients ne verront généralement de toi que le loup sérieux, à l'air un peu austère, qui accomplit son devoir de protecteur avec un professionnalisme à toute épreuve.
A contrario, tes proches te décriront comme quelqu'un de vif d'esprit, avec un sens de la répartie redoutable et un humour ravageur. On t'accorde aussi un rire communicatif, qui détonne avec le visage sérieux que la nature t'a attribué.
Bien sûr, l'âge t'a rendu plus responsable, mais le temps n'a pas altéré ton caractère bon-vivant.
Votre histoire« Quand je serai grand, je protégerai les gens ! » disais-tu en bombant le torse alors que tu n'avais que six ans.
Cette phrase n'a pas fait l'unanimité dans ta famille. Pourtant, cela ne t'a pas empêché de poursuivre ce rêve.
Tu es né dans une famille issue de la noblesse, de l'union du Duc Lumen de Thracian, un Furry loup au poil et aux iris gris, avec la marquise Mélisandre Landône, louve à la fourrure immaculée et aux yeux d'or. Aîné d'une fratrie de trois garçons, tes parents ont fondé de grands espoirs sur toi. Pour eux, il était évident que tu reprendrais les rênes de Thracian Tissus, l'entreprise familiale qui a fait la pérennité de la famille depuis trois générations. C'est pourquoi le choix d'un métier à haut risque a été accueilli avec une certaine froideur. Mais ton choix était posé.
Tu as toujours été le plus grand de ta classe. À chaque rentrée scolaire, tu imposais le respect et personne n'osait te provoquer. En revanche, tu t'es déjà confronté à des élèves plus âgés qui chahutaient les plus jeunes. Si protéger tes frères cadets sonnait comme une évidence à tes yeux et faisait accessoirement la fierté de ton entourage, secourir tes camarades a déclenché la surprise générale. Cela ne tenait plus de l'excellente éducation de tes parents, mais bel et bien de ta nature.
Ce que tes proches ont longtemps ignoré, c'est que depuis ta plus tendre enfance, tu entends des murmures étranges. Cela a commencé par des voix de femmes déplorant la goujaterie masculine, et le manque de manières si typique de mâles avinés ou peu cultivés. Tu étais trop jeune pour comprendre le sens de ces prières muettes qui résonnaient dans ta tête sans jamais franchir les lèvres de ces dames embarrassées. Et puis d'abord, pourquoi soupiraient-elles ? Tu ne voyais rien de plus que des hommes leur glissant des compliments à l'oreille. N'était-ce pas agréable ? Pourquoi semblaient-elles t'appeler à l'aide sans s'en rendre compte ? Tu n'auras saisi la portée de ce don inconsciemment développé que bien plus tard.
C'est sans doute ce qui a exacerbé en toi ce besoin de protection, ce souci de rassurer les gens tenaillés par un sentiment d'insécurité. Heureusement pour toi, et malgré la déception implicite de ta famille, ta vocation a été acceptée. Après tout, sur les trois mâles engendrés portant le nom de Thracian, il y en aurait bien un qui reprendrait l'affaire familiale.
C'est donc avec le soutien de tes parents que tu as cherché le métier de tes rêves. Pour tes douze ans, ton oncle a réussi à t'arranger une entrevue avec un chevalier membre de la Garde Royale. Bien qu'un peu réticents encore, tes proches pensaient que cette destinée saurait répondre à tes besoins et te satisfaire pleinement. Déjà que travailler au service des autres te définissait forcément comme un serviteur au détriment de tes origines nobles, ton père espérait intimement que la Garde Royale attirerait ton attention.
En vérité, l'idée de ne protéger que la plus haute caste ne provoquait aucun engouement chez toi. Comment pouvais-tu rejoindre les rangs déjà complets au service de la royauté, alors qu'en marchant dans la rue, tu percevais de plus en plus des voix de victimes clamant de l'aide ? Vers ton seizième anniversaire, ton grand-père t'évoqua la possibilité de t'obtenir une place au sein de la Roarland Yard. Mais tu as toujours eu des a priori sur la police qui, selon le profil de la victime et sa condition, n'est pas toujours juste dans sa façon de traiter les dossiers. L'équité est souvent une question de moyens et non une question de justice.
Finalement, c'est à l'âge de vingt-et-un ans que tu as découvert le métier de garde du corps. L'idée d'avoir des clients de tous milieux et de toutes origines t'a immédiatement séduit. Alors que pendant toutes ces années, tu avais considéré ton pouvoir de télépathie comme un fardeau à traîner, tu t'es rendu compte qu'il te serait possible de choisir tes clients en fonction de leurs besoins et de leurs peurs.
La pratique des arts martiaux n'ayant plus de secret pour toi puisque tu avais cumulé jusqu'à cinq sports de combat durant ton adolescence, tu t'es exilé durant quarante années sur un territoire hostile et sauvage, où tu as appris à te battre non plus pour la compétition et le plaisir, mais pour la survie. C'était un nouvel aspect qui allait affiner tes sens, développer tes perceptions et surtout accroître ton instinct.
De ce déracinement, tu n'en parleras que peu. Ce voyage aura été décisif dans ton cheminement intérieur, et t'auras apporté des réponses à tes questions, ainsi que la paix intérieure. Cela mérite bien de ne jamais sortir de ton jardin secret, tu ne crois pas ?
À ton retour vers la civilisation, la réadaptation n'a pas été simple pour toi, et il t'a fallu trois années pour vraiment apprécier l'évolution de l'ère moderne et maîtriser la technologie développée durant ton périple. Ta famille, avec qui tu n'avais gardé de lien que la promesse d'un retour lointain, t'a accueilli avec émotion et fierté. Quelles que soient tes décisions et ta destinée, tu restes le premier louveteau.
Ton père a décidé de s'investir en t'aidant à monter ton entreprise. Tu as su rester humble sur tes besoins. Alors qu'il s'apprêtait à t'offrir un local à la superficie aussi grande que la devanture donnant sur l'avenue principale, tu as préféré une petite boutique au détour d'une ruelle étroite, et tu y as établi ton agence privée.
En étant ton propre patron, tu peux décider des tarifs à appliquer en fonction des revenus de tes clients. Tu n'es pas regardant sur la classe sociale, ni l'apparence de ceux qui réclament tes services. Ce qui te permet de faire un tri pour ne pas perdre de temps, c'est ton don. Grâce à lui, tu parviens à voir plus clair dans les motivations de ceux qui font appel à toi.
Cela fera bientôt cinquante ans que tu pratiques ce métier. Ta réputation n'est plus à faire, et malgré ta notoriété, tu n'as jamais quitté ce petit office au confort rudimentaire qui te sert de bureau privé.
Tu as mis une semaine à établir des clauses personnalisées afin d'adapter les termes du contrat à la demande d'un nouveau client.
Ce matin, tu as signé un engagement avec lui, et tu as préparé tes affaires.
Un nouveau jour se lève.