Le vent soufflait fortement cette nuit-là. Partout où elle regardait il n’y avait que la blancheur de la neige. Les flocons tombaient rapidement pour former un épais manteau blanc sur le sol. Les oiseaux, pour ceux qui n’avaient pas encore quitté la région, restaient à l’abri dans le creux des arbres, blottis les uns contre les autres. Les sapins s’élançaient de gauche à droite par la force du vent. Même les arbres sans feuilles supportaient le poids de la neige malgré la maigreur de leurs branches. Mais ils ne tenaient pas longtemps et une grosse quantité de neige venait à tomber sur les imprudents qui passaient par là. Elle continua sa route péniblement en direction du nord, en observant les environs. Elle entendit soudain aboyer à plusieurs reprises. Prise d’un élan de joie, elle fonça vers cet appel. En quelques secondes elle arriva à la grotte qu’elle espérait trouver. Dans le creux d’une montagne se trouvait l’entrée de la tanière. La Maison d’Hiver ! Enfin, se dit-elle. Il faisait sombre habituellement dans cette cavité mais la neige, aillant recouvert une partie du sol de l’entrée, permettait au soleil de se refléter faiblement à l’intérieur de l’habitat. Elle entra. « Cheiza ! Tu es enfin là ! » Entendit-elle. À peine eut elle le temps de se retourner qu’un loup gris et blanc lui fonça dessus. Le choc lui fit perdre l’équilibre, elle fit une roulade sur le côté, prit appuis sur ses pattes arrière sauta sur le dos de son agresseur. Elle lui mordilla le cou pour qu’il se laisse tomber sur le sol. Ce qu’il fit.

« Ah ! Toujours aussi agile à ce que je vois. Je suis si content de te voir !

-Moi aussi Luppo ! Tu as bien changé depuis la dernière saison ! Mais je suis toujours la plus forte de nous deux. -Elle rigole en le regardant-

-Rho ça va… C’est facile pour toi. Je ne suis qu’un Oméga, toi tu représentes l’élite ! »

En effet, Cheiza était une Alpha. Elle faisait partie des loups les plus robustes, agiles et intelligents de la meute. Il était d’ailleurs mal vu que l’un reste trop longtemps avec l’autre, mais Luppo était un ami de confiance.

    La grotte était divisée en plusieurs parties. À la base se trouvait les Omégas, ils gardaient l’entrée et contrôlaient qui allait et venait dans la grotte. Un peu plus loin se trouvait le stock de nourriture. Les Alphas arrivaient en premier pour manger les meilleurs morceaux et les Omégas prenaient les restes. Plus loin, au fond de la grotte se trouvaient les Alphas, dans la partie la plus chaude et sèche de la grotte. Parmi eux se trouvaient le chef : Grahl. Le plus robuste des loups et avec lui, sa compagne : Selia la Porteuse d’Armée. Son nom lui venait du nombre de louveteaux robuste qu’elle a mise au monde.

    L’hiver avait commencé il y a déjà deux semaines et Cheiza faisait partie des derniers loups à rejoindre le reste du clan. Chaque hiver les loups vivants de manière solitaire se rejoignent dans cette grotte isolée que seul ce clan connaissait. Ils l’appelaient : La Maison d’Hiver.

Mais nous ne sommes qu’une trentaine, pensa-t-elle.

Elle n’en était pas loin. Seuls les loups les plus malins se rappelaient facilement du lieu de la maison, les autres se perdaient dans le blizzard et tentaient de survivre seule, ou mouraient. Et seul les Alphas étaient comptés dans la liste, ils ne comptaient pas les Omégas.

Cheiza se dirigea vers le fond de la grotte pour tenter d’en savoir plus.

Tous les loups la reconnurent car elle était la seule louve avec un pelage entièrement blanc. Ils la laissaient passer, certains en acclamant son nom, d’autres en courbant l’échine. Elle était très respectée car c’était la meilleure chasseuse de la meute et c’était en partie grâce à elle si les loups avaient de quoi manger pour l’hiver. Elle était solitaire et n’appréciait pas beaucoup la compagnie.

« Encore bredouille ? On t’avait bien dit de ne pas y aller en pleine tempête.

-Je n’ai pas besoin que tu me dises quoi faire Malika. Tu es peut-être une chasseuse, mais tu crains de sortir dehors dès qu’il y a un peu de vent.

-Un peu de vent ?! Mais c’est une tempête de neige !

-Justement ! Ce n’est qu’une brise pour moi, et toi tu n’es qu’un louveteau comparé à moi. »

Malika montra les crocs mais elle ne pouvait pas la contredire, ni même dévoiler qu’elle s’était blessée à la dernière chasse.

Cheiza continua sa route vers le chef du clan.

« Eh bien, te voilà enfin ! Sans toi on avait du mal à rassembler assez de nourriture pour tout le monde. Alors, as-tu trouvé de quoi manger par ce temps ?

-Oui chef, j’ai repéré un terrier de lapin un peu plus au sud. Il a l’air habité mais je n’ai pas pu attendre qu’ils sortent. J’y retournerai demain matin à l’aube. Pour le moment j’ai besoin de me reposer. » Elle s’allongea un moment.

« Il n’y a pas de retardataire de prévu au comptage, chef ?

-Si. Ton ami Rix n’est pas venu. Peut-être s’est-il trouvé un abri sur son chemin en attendant que le nuit passe. Nous verrons. » La nuit fut longue et fraîche mais son repos ne fut pas perturbé. Et c'est tant mieux car elle ne se doutait pas que demain sera pour elle la plus dure des épreuves...

(La suite est dispo si jamais cela vous intéresse  )